Actulités Masques et persona 1 Décembre 2016 -

 

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Rennes Fonds MC LGBT 2016

 

L’émergence d’un centre autour d’une collection privée

 

le fonds gay et lesbien de la bibliothèque municipale de Lyon

 

Par Michel Chomarat

 

Contrairement à plusieurs villes américaines ou européennes (San Francisco, Amsterdam, Berlin, Bologne), la France reste très en retard sur la question de l'archivage de la mémoire gay et lesbienne. Ainsi plusieurs projets, depuis une dizaine d'années - tous d'origine parisienne après de multiples polémiques partisanes, sont restés sans suite, et ce, malgré l'apport de financements publics. Plus récemment, en décembre 2015, le Conseil municipal de Paris, pour tenter de débloquer une situation devenue ubuesque au fil du temps, a voté une subvention de 12 000 €, destinée à «une mission de préfiguration d'un centre d'archives LGBT [lesbiennes, gays, bi et trans] dans la capitale, destiné à stocker les archives, documents et objets divers témoignant de l'histoire militante et parisienne du mouvement».L'échec de ces différentes démarches est dû essentiellement au fait d'une part, qu'elles sont portées par des militants et non par des institutions, et d'autre part qu'elles n'ont pas pour base des fonds déjà existants. Enfin, le centralisme parisien a de quoi surprendre à l'heure du net et des réseaux sociaux et c'est surtout oublier que la plupart des gisements d'archives localisés à ce jour, se trouvent essentiellement en province comme par exemple les « Mémoires des Sexualités » à Marseille, animées par Christian de Leusse. Justement, à Lyon, la bibliothèque municipale abrite au sein de ses collections patrimoniales spécialisées, un centre de ressources sur les identités de genre et la sexualité. Or ce centre de ressources s’est développé grâce et autour d’une collection privée. C’est l’histoire de ce mariage que nous nous proposons de retracer dans ces quelques lignes avec, en filigrane, l’interrogation suivante : le don d’une collection est-il un préalable indispensable à l’irruption dans l’espace public de mémoires dissonantes ?

 

1. Lyon : un projet militant ?

 

L’existence du centre de ressources de la bibliothèque municipale de Lyon est le résultat d’une architecture et de rencontres qui ont permis de faire entrer dans l’espace public et pour un usage public une collection privée et militante.

 

1.1. Une volonté politique

 

A priori, il peut paraître paradoxal qu'une ville comme Lyon, jugée souvent conservatrice voire bigote, ait été la première en France à se doter d'un fonds spécifiquement gay et lesbien dans une bibliothèque publique. Cela est dû essentiellement à la rencontre efficace d'un collectionneur, Michel Chomarat (alors chargé de mission « mémoire » de la Ville de Lyon), d'un directeur de bibliothèque, Patrick Bazin, et du maire de la Ville, Gérard Collomb. C'est le 17 mai 2005, à l'occasion de la première journée mondiale de lutte contre l'homophobie, que le projet a été officiellement présenté par le maire en personne, lors d'une conférence de presse tenue à l'Hôtel de ville de Lyon, en présence des adjoints à la culture et aux droits des citoyens, du directeur de la bibliothèque, et de Michel Chomarat. Le 17 octobre, soit quelques mois après, une exposition intitulée Follement Gay !, l'homosexualité dans les collections de la bibliothèque de Lyon, divisée en six parties qui reprenaient les couleurs du rainbow flag – le drapeau de la communauté LGBT –, était organisée, accompagnée d'un catalogue préfacé par le maire. Lorsque l'on parcourt la liste des pièces exposées, on est frappé par le nombre important provenant du fonds Chomarat (près de 90 %) mais l'apport des autres collections de la bibliothèque n'est pas anecdotique grâce aux fonds du médecin légiste Alexandre Lacassagne et de Marc Barbezat, l'éditeur de Jean Genet.

 

1.2. Le fonds Michel Chomarat

 

Par une convention, en date du 17 février 1992, signée au nom de la Ville de Lyon, par son maire, Michel Noir, et Michel Chomarat (ancien compositeur-typographe, né en 1948), ce dernier dépose ses collections à la bibliothèque de Lyon, sous le statut juridique de prêt à usage (du public). Aujourd'hui, elles sont rassemblées sous le nom de « fonds Michel Chomarat », et placées sous l'autorité du conservateur du fonds ancien. La collection comprend plusieurs dizaines de milliers de références, du XVe siècle à nos jours, dans les domaines et supports les plus divers (livres, manuscrits, périodiques, estampes, affiches, photographies, DVD, disques, etc...). Actuellement, 27 000 pièces, cataloguées par Jean-Paul Laroche, sont déjà accessibles sur le site de la bibliothèque, sous la cote Chomarat, dont 6 000 pour la partie la plus ancienne (1473-1801). Le fonds s'accroît continuellement en développant, de préférence – ce qui fait toute son originalité – à tout ce qui touche, dans le monde, à l'homosexualité, tant féminine que masculine, la bisexualité, le transsexualisme, ou l'intersexualité. Seuls 3 500 livres, manuscrits, et affiches, sur ces sujets, ont été catalogués mais la tâche qui reste à accomplir est immense, car il s'agit essentiellement de littérature grise ou éphémères, qui se comptent par dizaines de milliers de pièces (flyers, tracts, brochures, programmes, fanzines, dossiers thématiques ou biographiques, articles de presse, etc.). Nous y reviendrons... Enfin, il nous paraît intéressant de préciser que dans le rapport présenté au Conseil municipal de Lyon, le 17 février 1992, qui entérine officiellement la création du fonds et son dépôt, il est précisé que « Michel Chomarat s'est particulièrement intéressé à tout ce qui touche la culture "souterraine", tant sur le plan des idées que des supports la véhiculant, sachant que cette production éditoriale échappe le plus souvent au dépôt légal et au circuit traditionnel du Livre... ».À cette époque, s'il est nullement question de documents spécifiques se rapportant aux gays et lesbiennes, ils existaient déjà physiquement dans la collection, et c'est dans ce sens qu'il faut comprendre le terme de littérature souterraine. Il ne fait pas de doute que d'affirmer publiquement la spécificité de ce thème – à ce moment précis – aurait sans doute rendue plus difficile l'acceptation de ce dépôt par la municipalité lyonnaise.

 

1.3. Michel Chomarat, militant de la collecte de documents

 

En effet, depuis son plus jeune âge, Michel Chomarat s'est auto-archivé, conservant tout document (ou photographie) lié à ses activités – publiques ou privées –, à ses voyages, ou à ses rencontres. Tout débute en 1967, à l'âge de 19 ans, avec la création d'une revue Documents Anarchistes, qui publia douze numéros jusqu'en 1970, lui permettant d'accumuler une documentation très importante sur les anarchistes du monde entier mais aussi sur des sujets périphériques comme l'écologie, l'antimilitarisme, la non-violence, le féminisme, ou l'homosexualité. À 26 ans, il devient véritablement militant de la cause homosexuelle le 2 juin 1975, en intervenant lors de l'occupation de l'église Saint-Nizier à Lyon par les prostituées car ces dernières en avaient assez de faire l'objet d'amendes pour racolage sur la voie publique, ce qui était également le cas à l'époque des homosexuels surpris sur des lieux de rencontres. Son inculpation à Paris en 1977, dans l'affaire dite du Manhanttan, (provocation policière dans un bar gay), qu'il le mena jusqu'à la Cour de Cassation d'une part, et l'épidémie du sida dont ses amis les plus proches sont les victimes d'autre part, sont déterminants quant à sa prise de conscience qui l'amène à devenir plus tard l'un des leaders de la mémoire, notamment homosexuelle, en créant en 2001 la mission « Mémoire » de la Ville de Lyon. La marche nationale pour les droits et libertés des homosexuels et lesbiennes à Paris du 4 avril 1981 comme les gay-prides qui ont suivi et auxquelles il a participé en France (Bordeaux, Lyon, Paris) et en Suisse (Lausanne) ont été des lieux privilégiés pour la collecte de documents de toutes sortes. Ils ont été, ainsi que les photographies prises lors de ces événements, à la base de ce qui est devenu le premier centre de ressources documentaires sur l'homosexualité à la bibliothèque de Lyon. Présent au premier « mariage gay » de Bègles célébré par Noël Mamère le 5 juin 2004, il prend part également aux manifestations favorables au mariage pour tous, à Lyon comme à Paris. En dehors de cette collecte effectuée directement sur le terrain, l'achat sur le net ou chez les libraires, les dons de particuliers ou d'associations, et les échanges, notamment avec les autres centres étrangers (Homodoc, centre de ressources documentaires sur l’homosexualité de l’université d’Amsterdam ; le centre LGBT Arcigay il Cassero à Bologne ; la LGBT Historical Society à San Francisco) sont ses principales sources d'acquisition aujourd'hui. En complément à ses différents engagements, Michel Chomarat a publié de nombreux ouvrages ou fanzines (Mémoire Gaie, Passion Privée), sous son propre nom, ou sous le nom de Mémoire active, en rapport direct avec la cause gay et lesbienne.

 

1.4. La composition du fonds gay et lesbien

 

Avant l'arrivée des collections de Michel Chomarat, la bibliothèque de Lyon pourtant forte de plusieurs millions de documents, était restée totalement étrangère à l'évolution des mentalités et des mœurs. Comme dans la plupart des autres bibliothèques françaises – en raison même de leur histoire – les saisies révolutionnaires, les pères de l'Église, les classiques grecs ou romains, les impressions provinciales, ou l'histoire locale, constituaient souvent le noyau dur des fonds patrimoniaux. Les directeurs et conservateurs qui se sont succédé n’ont pris aucune initiative car ils devaient en priorité répondre aux demandes de leurs lecteurs, souvent liées à l'actualité littéraire. Les événements de Mai 68, et les nouvelles revendications sociales exprimées à cette occasion, ont remis en cause ce fonctionnement assez désuet. Ce fut aussi l'occasion de découvrir toute une littérature dite grise, ou marginale, qui échappait totalement au dépôt légal et aux circuits d'acquisition classiques des bibliothèques. Sous la direction de Patrick Bazin, la bibliothèque municipale de Lyon choisit par ailleurs d’explorer les mémoires et les identités contemporaines communautaires dans une démarche historiographique et d’intégration à une mémoire commune. Michel Chomarat s'engouffre dans cette brèche et c'est ainsi qu'aujourd'hui, on peut consulter son fonds à Lyon, où l'on peut trouver à la fois des éditions originales (ou pré-originales) d'Oscar Wilde, Marcel Proust, ou de Marguerite Yourcenar (avec dédicaces), et les premiers tracts des comités de libération homosexuelle ou des affiches des films de Pasolini. L'un des points forts est la présence de dossiers thématiques patiemment constitués notamment sur l’histoire, la déportation homosexuelle, les religions, la justice, la police, le cinéma, les pays étrangers, le mariage pour tous, le sida, et de dossiers biographiques classés par ordre alphabétique (plusieurs mètres linéaires). Chaque dossier, actualisé en permanence, est constitué de différentes typologies documentaires (articles de presse, cartes postales, imprimés, etc...). Un sous-ensemble du fonds, de 2 mètres linéaires, est également consacré aux associations LGBT françaises dont l'activité est parfois chaotique et de courte durée. Leurs archives sont souvent dispersées quand elles ne sont pas détruites au moment de leur dissolution. Le fonds iconographique comprend plusieurs milliers de photographies provenant souvent de médias qui ont cessé leur parution. Enfin, Michel Chomarat bénéficie de l'apport d'un jeune photographe, Julien Adelaere (né en 1987), qui couvre depuis plusieurs années les événements liés à l'actualité (gay pride, manifestations pour et contre le mariage pour tous, sociabilité gay et lesbienne, etc.). Il est également l'auteur de reportages sur Jean Genet à Tanger, et sur Pier Paolo Pasolini en Italie (Bologne, Casarsa, Ostia).

 

2. Les actions de promotion et de diffusion de la Bibliothèque de Lyon

 

Parallèlement à sa fonction de lieu de conservation, la bibliothèque n'a pas cessé de contribuer à la mise en valeur de ce fonds avec différentes actions comme les Assises de la mémoire gay et lesbienne de 2002 à 2009, des expositions thématiques (ou biographiques), en publiant les actes des quatre premières Assises de la mémoire gay et lesbienne, ou en participant financièrement à l'édition de catalogues d'exposition.

 

2.1. Les Assises de la mémoire gay et lesbienne (2002-2009)

Initiées par Michel Chomarat, le 16 mars 2002, les premières assises nationales (elles deviennent internationales en 2004) de la mémoire gay (et lesbienne en 2003), furent inaugurées en présence de Patrick Bazin, directeur de la bibliothèque, du premier adjoint, Jean-Louis Touraine, et deux adjoints de la mairie centrale : Patrice Béghain, délégué à la culture et au patrimoine, et Sabiha Ahmine, déléguée à l'intégration et aux droits des citoyens. Il n'est pas sans intérêt de rappeler certains des propos tenus lors de cette journée fondatrice, tant par le directeur de la bibliothèque que par l'adjoint à la culture et au patrimoine. L’un et l’autre interrogent le concept de patrimoine et de patrimonialisation et lui reconnaissent sa capacité à ériger un bien privé, une identité d’une communauté en bien public, partageable et partagé. Le patrimoine conservé dans les musées, les bibliothèques, les archives doit être complété, ouvert, bousculé. Patrick Bazin insiste : il faut « remonter le courant d'un autre œil, [...] traquer l'archive dans les marges et, surtout, [...] préparer la mémoire de demain en se défiant de la bienséance patrimoniale qui ne prête qu'aux riches. » Patrice Béghain complète « Quand des documents deviennent une collection, une archive, ils quittent leur statut singulier et éphémère pour devenir le bien durable de tous. Tel est bien l'enjeu : que l'histoire particulière d'individus devienne une histoire collective. » Finalement les trois acteurs – le collectionneur Michel Chomarat, le politique par la voix de Patrice Béghain, l’expert bibliothécaire Patrick Bazin, peuvent se reconnaître dans une pratique militante commune que Patrice Béghain résume ainsi : « Il nous faut donc avoir une conception et une pratique militante du patrimoine, en particulier lorsqu'il s'agit de connaître et de reconnaître l'identité homosexuelle longtemps persécutée et vouée à l'extermination dans de nombreux pays et à de multiples époques par les pouvoirs civils et religieux. Chacun sait que ce combat est toujours actuel. Je me réjouis que la Ville de Lyon, à travers notamment les initiatives de ses institutions patrimoniales, y prenne sa part. »
Si ces premières assises durèrent seulement un jour ; dès l'année suivante, en raison de l'abondance de leur programmation, elles eurent lieu pendant deux journées : l'une en soirée avec la projection d'un film, et la seconde, consacrée aux débats avec les invités choisis en fonction de la thématique : Les gays et lesbiennes ont-ils une histoire ? (28-29 mars 2003) ; Gays et lesbiennes en Chine (19-20 mars 2004) ; La déportation des homosexuels (24-26 mars 2005) ; La visibilité des transgenres (31 mars-1er avril 2006) ; Lesbienne mon amour ! (16-17 mars 2007) ; 1968-2008 : ruptures et continuité (16-17 mai 2008) ; Nos désirs sont des arts ! (15-16 mai 2009). Les Assises ont fait l’objet de publications et/ou d’enregistrements vidéo.
L'aventure des Assises qui avait débuté en 2002 s'achève en 2009 avec un constat : à savoir, la soirée cinématographique est beaucoup plus suivie par le public que les débats, et c'est dans cette direction que l'effort devra être porté à l'avenir. C'est dans cet esprit que le 27 mai 2010, une carte blanche est proposée par l'Institut Lumière de Lyon à Michel Chomarat qui choisit Johan, film culte de Philippe Vallois, réalisé en 1976, l'un des tous premiers traitant de l'homosexualité en France. Lors du débat qui suivit la projection, il fut convenu qu'il y avait urgence d'envisager – dans notre pays – un festival de la mémoire du cinéma gay et lesbien. Ce fut fait dès l'année suivante avec la création du premier festival dénommé Écrans Mixtes, dont on a fêté la sixième édition en 2016.

 

2.2. Les expositions (2005-2016)

La bibliothèque de Lyon, parallèlement à sa fonction de conservation, n'a pas cessé d'exposer l'homosexualité comme dans Follement Gay ! (2005) ou des figures homosexuelles majeures telles Michel Foucault (2009), Jean Genet (2011) ou Pier Paolo Pasolini (2016). Si l’exposition sur Michel Foucault, intitulée Michel Foucault, archives de l'infamie, une collection imaginaire (14 mai-28 août 2009) s’articule autour de la vie des hommes infâmes, les trois autres expositions citées dont Michel Chomarat a assuré le commissariat s’appuient sur les ressources LGBT accumulées par la bibliothèque municipale de Lyon répondant ainsi au prêt à usage conclu entre les parties.
Follement Gay ! s’affiche clairement comme une sélection de documents remarquables et cherche à montrer au public les points forts des collections. Il s’agit aussi de rendre visible une histoire douloureuse, celle de modes de vie et de pratiques repoussés dans la sphère privée hors des regards et réprimés. Dans la préface du catalogue de l'exposition, Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, insiste sur l'originalité de la démarche lyonnaise : « Il était en effet essentiel qu'une grande institution publique assume cette mission de conservation et de transmission de l'histoire de l'homosexualité à travers une collection aussi diverse que possible d'écrits, de témoignages, d'archives de presse, de vidéos, de revues ou de photographies. La bibliothèque municipale de Lyon qui dispose désormais d'une documentation gay et lesbienne sans équivalent dans notre pays approfondit ainsi sa vocation d'ouverture sur la cité en mettant en valeur toutes les mémoires, toutes les cultures, toutes les identités qui la composent... »
L’exposition sur Jean Genet, Genet ni père ni mère, organisée à l'occasion du centenaire de sa naissance, outre un hommage à l’un des écrivains français les plus connus au monde, a valeur à la fois de réparation – réparation à l’ingratitude de la ville vis à vis de celui qui fut soutenu et édité par le directeur de la revue L’Arbalète, pharmacien de son état, Marc Barbezat – et de remerciement – remerciement vis à vis de la bibliothèque municipale qui a constitué un fonds Genet exceptionnel.
En 2016, après Foucault et Genet, la bibliothèque de Lyon rend hommage à Pasolini : Pasolini, una vita violenta. Une fois encore, l’exposition s’appuie sur de nombreux documents inédits (livres, revues, affiches, photos…) pour apporter un nouvel éclairage sur la vie et l’œuvre violentes, complexes, exigeantes et dérangeantes du poète, écrivain et réalisateur assassiné 40 ans plus tôt.

La création du fonds gay et lesbien de la bibliothèque de Lyon est à la fois le fruit d’opportunités mais aussi d’un mouvement de fond. Il a pu voir le jour grâce aux volontés conjointes d’une municipalité, d’une bibliothèque et d’un collectionneur qui se sont accordés sur une démarche militante, celle de faire entrer dans une mémoire commune l’identité, l’histoire et les modes de vie d’une communauté longtemps réprimée et exclue. Cette décision a pu prendre corps grâce l’existence d’une collection privée patiemment amassée pendant des décennies par Michel Chomarat. Grâce au prêt à usage, la collectivité a pu s’en saisir et s’ouvrir à un patrimoine nouveau. L’échange est ici clair et place les opérations de valorisation et d’échange au centre de la transaction : le collectionneur donne l’usage, la collectivité donne la tribune ; le collectionneur apporte ses réseaux, la collectivité offre l’élargissement hors de la communauté. Mais cette démarche témoigne aussi d’un changement dans les pratiques des bibliothèques et d’un élargissement de la conception des fonds patrimoniaux qui ne sont plus réduits aux fonds anciens ou locaux.

 

JOST Clémence, « Pourquoi la création du centre d’archives LGBT de Paris fait polémique depuis 13 ans », Archimag, [15 décembre 2015] [en ligne] disponible sur http://www.archimag.com/archives-patrimoine/2015/12/15/pourquoi-creation-centre-archives-lgbt-paris-polemique-13-ans (consulté le 3 mai 2015).

 

Sur la situation des fonds patrimoniaux à la bibliothèque de Lyon dans les années 1990, GUINARD Pierre, « Pratiques patrimoniales de la bibliothèque municipale de Lyon », Bulletin des bibliothèques de France, n° 3, 1996, p. 36-41.

 

L’exposition a été adaptée pour une diffusion en ligne, disponible sur https://www.bm-lyon.fr/expo/virtuelles/follement_gay/index.htm (consulté le 2 mai 2016). CHOMARAT Michel, LAROCHE Jean-Paul, Follement gay ! L’homsexualité dans les collections de la bibliothèque de Lyon, Lyon, Bibliothèque municipale de Lyon, [2006], 163 p. (préface de Gérard COLLOMB).

 

Articles 1875 à 1879 du Code civil. Ce qui est donné ici est donc l’usage et non la propriété du fonds.

 

MATHIEU Lilian, « Une mobilisation improbable : l'occupation de l'église Saint-Nizier par les prostituées lyonnaise », Revue française de sociologie, no 40,‎ 1999, p. 475-499.

 

Mémoire gaie. Bulletin d’information sur l’histoire des gays à Lyon, n° 1-12, 2001-2004 ; Passion privée. Bulletin d’information du Fonds Michel Chomarat, n° 1-15, 2000-2005.

 

BAZIN Patrick, « Pourquoi une exposition sur la mémoire gay ? », Topo, journal des bibliothèques-médiathèques de Lyon, octobre-décembre 2005, n° 74, p. 3.

 

Site personnel [en ligne], disponible sur http://www.julien-adelaere.com/ (consulté le 2 mai 2016).

 

Mémoire gay. Actes des premières Assises nationales de la mémoire gay et lesbienne. Bibliothèque municipale de Lyon, 16 mars 2002, Lyon, Bibliothèque municipale de Lyon, 2002 ; Mémoire gay et lesbienne. Actes des deuxièmes Assises internationales de la mémoire gay et lesbienne. Bibliothèque municipale de Lyon, 28-29 mars 2003, Lyon, Bibliothèque municipale de Lyon, 2004 ; Gays et lesbiennes en Chine. Actes des troisièmes Assises internationales de la mémoire gay et lesbienne. Bibliothèque municipale de Lyon, 19-20 mars 2004, Lyon, Bibliothèque municipale de Lyon, 2005 ; La déportation des homosexuels. Actes des quatrièmes Assises internationales de la mémoire gay et lesbienne. Bibliothèque municipale de Lyon, 24-26 mars 2005, Lyon, Bibliothèque municipale de Lyon, 2006. Les DVD sont consultables à la bibliothèque de Lyon.

 

Site [en ligne], disponible sur http://festival-em.org/ (consulté le 3 mai 2016).

 

CHOMARAT M., LAROCHE J.-P., Follement gay !, op. cit.

 

CHOMARAT M., LAROCHE J.-P., ADELAERE J., Genet ni père ni mère. Jean Genet dans les collections de la bibliothèque de Lyon, Lyon, Mémoire active, 2014.