La Revue Masques - Historique -

 

De Masques à Persona (1979-2020)

 

 In Memoriam : juillet 86 à décembre 2011

 

La dernière année de Masques et Persona (été 85/été 86) fut au moins autant consacrée à l’indispensable recherche de capitaux  qu’au journalisme et à l’édition. Diverses tentatives furent conduites, appel à de nouveaux actionnaires, recherche de publicité, création d’un club Persona etc.… En vain. Depuis plusieurs mois Jean Marie Combettes insistait pour mettre fin à des activités qui gonflaient chaque jour un peu plus le déficit financier. La décision fut prise le 22 mai 86 pour Persona et le 15 juin pour la SARL Masques. Le 24 juillet, la liquidation était prononcée par le tribunal de commerce de Paris.
25 années ont passé… et nombre des acteurs de l’aventure nous ont quittés. Jean Pierre Joecker, le 31 décembre 1991, Jean Marie Combettes en 1990 , mais aussi Dominique Denes, Alain Dubar, Steve Forgione, Jean Pierre Miralles, Jean-Luc Pinard-Legris, Jean Michel Quiblier, Alain Vaudran et Tony Duvert ; d’autres sans doute dont nous n’avons pas été informé de la disparition. En 2006, je fus sommé de récupérer, dans les 24 heures, toutes les affaires personnelles de JP Joecker, faute de quoi tout partirait aux ordures… Je m’exécutai, aidé de Patrice Gautier. remplissant des dizaines de caisses dans le plus grand désordre, faute de temps, caisses qui furent ensuite disséminées chez des amis fidèles. Mais ce n’est qu’en 2009, étant libéré de mes activités professionnelles, que je fis revenir ces caisses à Paris et que j’entrepris d’en faire un premier inventaire. A quelle institution léguer ces archives ? Fidèle à notre itinéraire de l’époque, je contactai, sans trop y croire, la Bibliothèque Nationale de France et l’IMEC (Institut Mémoire de l’édition contemporaine). La BNF me répondit aussitôt, et, après un premier contact chaleureux, Thierry Prévost, alors Directeur du département des manuscrits, aujourd’hui disparu, accepta le principe de cette donation. Marie Laure Prévost, conservatrice en chef des manuscrits, en eut la responsabilité. Je lui montrai le contenu des caisses, alors dans un désordre total,  Elle me donna des conseils de classement et surtout m’incita très vivement à « écrire quelque chose » sur cette aventure, au minimum un article ou pourquoi pas une recherche effectuée par des étudiants. J’ai donc écrit cette modeste contribution, en m’efforçant de rester impartial, avec le souci d’abord de restituer cette aventure éditoriale et humaine qui à ce jour est restée unique, mais aussi de fournir à d’éventuels étudiant/es ou chercheurs intéressés par le sujet et désireux d’exploiter cette masse de documents divers (des comptes-rendus manuscrits des comités de rédaction  au courrier, des photographies aux articles de presse, des agendas aux archives sonores etc.…) les éléments de compréhension nécessaire pour les exploiter. La librairie Les Mots à la bouche, qui a été associée de très près à l’aventure Masques/ Persona, a accepté d’exposer une sélection de ces documents : ainsi toutes celles et ceux qui ne l’ont pas connue pourront avoir une idée de ce qu’elle fut. Une association Les amis de Masques et Persona a été créée en décembre 2011. Enfin, le site Internet,  réalisé par Peter Ring, fournira peu à peu, informations, documents divers et textes, assurant ainsi la pérennité de la revue Masques et des éditions Persona.

Alain Sanzio, co-fondateur de Masques et de Persona (décembre 2011)

 

De décembre 2011 à novembre 2020


Mais revenons sur la question des archives après le don à la Bibliothèque nationale de France en mai 2012.
Il reste une grande masse de documents qui n'ont pas vocation à être conservés à la BnF. J'écris donc aux Archives Nationales, le 13/09/2013 et... je reçois la réponse d'Agnès Magnien, alors Directrice le 27/09. Je suis ensuite invité à une réunion rue des Francs bourgeois avec Agnès Magnien, Emmanuel Rousseau, Directeur des fonds et Catherine Mérot, conservatrice en chef. L'accord se fait immédiatement sur l'intérêt pour les AN de conserver des archives liées au mouvement gai. Une 1ère réunion de travail s’ensuit, aux Archives, en décembre 2013 et le travail de recherche et de collecte commence, animé par Patrice Triboux, conservateur aux AN et moi, en liaison avec d'autres chercheurs. En mai 2015, avant son départ pour Toulon, Patrice Triboux recense l'important travail effectué.
De mon côté, avec l’aide de Lucile Douchin et Vanessa Szozzolli, conservatrices aux AN, je termine le tri des archives de Masques et Persona et en juillet 2017, l’ensemble part à Pierrefitte !
J'avais encore de nombreux journaux ou revues que j’ai donné au centre LGBT de Paris, non sans mal ! Depuis plus de nouvelle... Je remercie enfin le Fonds Michel Chomarat à la Bibliothèque municipale de Lyon d’avoir bien voulu accueillir les documents relatifs à l’affaire Buisson (1978-79), un psychiatre de La Réunion qui fut suspendu par l’ordre des médecins.
Depuis je reçois, avec grand plaisir des chercheur/euses, tout comme le conservateur de la BnF, Charles-Eloi Vial. Et, pour ma modeste part, je plaide, partout où je peux, pour le dépôt des archives existantes dans des institutions où elles seront sauvegardées et accessibles. Avec un contre-exemple éloquent : les archives personnelles de Jean Lebitoux, déposées depuis longtemps à la mairie de Paris sont toujours inaccessibles…Voilà exactement ce qu’il convient d’éviter !

Alain Sanzio, 18/11/2020